Urbanisme : construire la ville
Une ville n’est pas une succession désordonnée de constructions au fil des ans. C’est un concept qui mêle des espaces de vie, des espaces commerciaux, de rencontres et de respiration. Permettre aux habitants de s’épanouir dans cet ensemble nécessite un équilibre entre les différentes fonctions.
L’histoire de la Robertsau a conduit à un entremêlement peu rationnel qui, entre autres, provoque une circulation pour le moins chaotique où les modes de déplacement sont obligés de cohabiter et parfois de s’entrechoquer. La dissémination des commerces en longueur, tout au long de la rue Boecklin, pénalise cette activité et oblige souvent à des déplacements relativement longs. La cohésion des habitants est pénalisée par l’absence de lieux de rencontre.
A coté de l’église catholique, le jardin de l’église permet la mise en valeur de l’édi ce et est propice à l’esprit et à la quiétude qui siéent en un tel lieu. Supprimer cet espace non bâti nous apparaît ainsi comme une erreur. Nous comprenons toutefois que la paroisse ait droit à un foyer et à des locaux pour ses différentes activités.
Les coûts de mise aux normes et d’exploitation du foyer St Louis, localisation actuelle de ces activités, apparaissent trop lourds pour la paroisse.
Comment concilier ces différents impératifs ?
Cette interrogation donne l’occasion de réfléchir à une évolution du coeur de la Robertsau. Autour du foyer sont alignées des maisons anciennes, peu rationnelles, sans grande valeur architecturale.
Des hangars en bois jouxtent des espaces surbâtis de garages individuels. La place du Corps de Garde est bornée par la Poste qui obstrue la vue sur le cimetière et les espaces verts qui s’étendent et englobent le tracé du tram.
Sans préjuger de l’accord des différents propriétaires, nous préconisons de réfléchir à un projet urbanistique qui engloberait l’ensemble de cette zone. Le premier travail consiste en l’établissement d’un programme permettant de prendre en compte les besoins et les desiderata des occupants actuels.
Le foyer de la paroisse pourrait-il trouver sa place sur le terrain privé, actuellement uniquement accessible par le presbytère adjacent ?
Un ensemble cohérent peut-il permettre aux commerçants et services d’augmenter leur attractivité, en regroupant mairie de quartier, poste, marché, etc… en une zone de rencontre et de passage ? Éventuellement les activités du foyer pourraient s’intégrer à cet ensemble tout en réservant des surfaces pour d’autres activités culturelles.
Le stationnement peut-il être favorisé par une construction en élévation en réservant des boxes aux propriétaires actuels des garages ?
Comment ouvrir la vue de la place du Corps de Garde vers le cimetière et les espaces verts bornés par le tram, qui deviendrait ainsi aisément accessible depuis le centre du quartier avec des cheminements piétons et vélos ?
D’autres questions, et réponses, peuvent être attendues d’un débat citoyen permettant à toutes les parties de s’exprimer et de faire connaître leurs souhaits.
Une telle démarche ne peut être initiée que par la Municipalité. C’est une occasion unique de créer un centre attractif pour la Robertsau, quartier regroupant près de 30.000 habitants. C’est le moment ou jamais. Tout projet partiel annihilerait toutes les chances futures de réaliser cet ensemble cohérent que nous appelons de nos voeux. Les propriétaires et locataires actuels doivent trouver dans ce projet la valorisation de leurs biens et activités à partir d’un programme élaboré en commun.
L’aspect nancier ne doit bien sûr pas être oublié dans les conditions actuelles. Nous sommes persuadés que l’équilibre peut être atteint, notamment par l’attractivité d’un tel ensemble. Habitants de la Robertsau, commerçants, services ont tous à gagner à réussir ce pari.
La Municipalité saura-telle saisir l’opportunité de montrer que la participation des citoyens à la construction de la Ville apporte une plus-value certaine aux projets urbanistiques ? Certains urbanistes sont rompus à cet exercice, pro tons de leur expérience.
Chiche !!
Jean Daniel Braun