Le maraîcher qui aimait la terre
Charles aimait la terre. La terre de la Robertsau, la terre des maraîchers qui a nourri tant de générations, tant d’âmes en quête d’essentiel et d’authenticité. Une terre sur laquelle la cueillette est libre et le légume roi. Une terre dont il a été l’artisan, qu’il a travaillé de ses mains, plongeant dans le cambouis de la création pour nous proposer, en partage, le fruit de son labeur.
Charles aimait la terre des hommes. Il a porté sur le monde un regard d’enfant. Mais avec sa naïveté et sa fantaisie il a su nous rendre attentif au fil qui relie le plus insignifiant des événements à la bonne marche de l’horloge du cosmos. Simplement, il a su faire résonner en chacun de nous l’importance du lien qui nous rattache à la nature : « On ne commande la nature qu’en lui obéissant », disait-il. Son optimisme sans faille savait ouvrir bien des portes, sa foi indéfectible donnait à chacun l’envie d’y croire, l’envie de croire.
Enfin, Charles aimait la terre des femmes. Non pas avec l’avidité d’un Casanova. Charles aimait les femmes parce que « le meilleur terreau du monde se trouve dans le cœur d’une femme », comme il le dit dans un des ses poèmes qu’il allait distribuer à quelques privilégiées du quartier. Charles, un sacré messager, un vrai facteur de bons sentiments.
Bernard Irrmann