Strasbourg et l’audacieuse démocratie locale
Dans le cadre de la semaine européenne de la Démocratie Locale, la Municipalité a édité un petit livre rouge où elle se félicite d’avoir installé un dialogue entre les habitants, les élus et les techniciens et que cette politique novatrice et volontariste fait aujourd’hui de Strasbourg une ville où la démocratie locale est particulièrement vivante. Elle prône les mérites des Conseils de quartier et autres ateliers de projets et nous redonne sa définition de ce qu’est la concertation : « Un acte volontaire, celui de donner la parole, d’écouter et de dialoguer, de prendre en compte les besoins des habitants dans les projets et les réalisations. »
Il est intéressant d’analyser par 3 exemples édifiants comment cette concertation est pratiquée à la Robertsau.
Programme Local d’Habitat, évaluation à mi-parcours.
Le Conseil de quartier a considéré que le nombre de logements construits ou autorisés entre 2009 et 2012 à la Robert- sau représentait un volume trop important pour ne pas être pris en considé- ration dans cette évaluation. Il a donc légitimement demandé d’y être associé.
La Municipalité a fini par accepter, mais en organisant une réunion de l’ensemble des comités de quartier, afin d’y donner des éléments globaux et non soumis à débat contradictoire. Mais elle a bien précisé qu’il n’est pas envisageable à ce stade de nous fournir les chiffres de notre quartier.
Devant cette forme de non recevoir, le Conseil de quartier a réitéré sa demande d’avoir une présentation dédiée exclusivement à la Robertsau.
La modification du POS n°35
Le point 20 du projet de la modification du POS n°35 est la suppression de l’emplacement non constructible concernant l’actuel jardin paroissial attenant à l’église Saint Louis de la Robertsau. Cette affaire que l’on nous présente comme une affaire privée aurait due, a minima, être présentée et débattue au Conseil de quartier avant d’être soumise à enquête publique. Enquête qui, soulignons-le, a eu lieu en pleine période des congés d’été…
La desserte de l’école européenne
Poussée par le Conseil de quartier et les riverains, la Municipalité a initié une série de séances de travail concernant la desserte de l’école européenne. Malgré un avis unanime des riverains, des associations et du Conseil de quartier, la Municipalité s’obstine à imposer une entrée rue Silberrath, ce qui générera de monstrueux bouchons aux heures de pointe dans ce secteur qui en subit déjà tous les jours.
La mise en œuvre de l’Eco- quartier Mélanie-Pourtalès
La Ville vient de proposer au Conseil de quartier d’être associé à la définition des objectifs de ce futur quartier. Une demande louable en soi, mais le travail du Conseil de quartier devra impérativement s’inscrire dans un cadre global prescrit par la Collectivité. Et ce cadre ressemble à s’y méprendre à un carcan où aucune liberté de réflexion n’est autorisée… Pour l’ADIR, la concertation doit débuter AVANT la définition du projet, par l’examen de l’op- portunité du projet en prenant en compte le contexte global. Citons par exemple les enjeux socio-économiques, les diffé- rentes options envisagées, mais aussi les choix technologiques, techniques, écono- miques, financiers, sans oublier les consé- quences prévisibles de l’opération sur l’environnement, sur l’économie locale et sur le mode de vie des futurs riverains. Bref, effectuer le bilan coûts-avantages avec les habitants et leurs représentants AVANT de décider de passer l’action.
L’ADIR préfère le vocable démocratie participative qui fait référence au qualificatif.
René Hampé – Président de l’ADIR