Comment créer une culture (citoyenne) du risque technologique
Au moment ou se déroule le procès en appel d’AZF concernant l’explosion survenue il y a 10 ans à Toulouse, il nous a semblé utile de reproduire ici un extrait d’un article de M. Lothaire Zilliox paru dernièrement dans la lettre d’information du SPPPI.
«…Au SPPPI, organe multipartite et indépendant, la concertation entre tous les acteurs de l’environnement industriel concernés par la prévention des accidents et pollutions a conduit au rapprochement des notions de risque, précaution et responsabilité. Rapprocher ces trois termes est indispensable à la capacité collective de concevoir notre fragilité face aux périls qui nous menacent et dont nous convenons d’y répondre.
Dans ce contexte, comment ne pas s’interroger à la lecture de deux articles récemment parus dans la presse régionale (DNA, éditions du 31 août et du 20 septembre) où il est question de réactions aux PPRT à mettre en place respectivement sur un site haut-rhinois (68 – Ill zach) et un site bas-rhinois (67 – Lauterbourg). Le «coup de colère» du Maire d’Illzach fait suite à l’inquiétude suscitée par un «droit de délaissement» annoncé par sept entreprises situées en zone de risques majeurs du PPRT de l’entrepôt pétrolier de mulhouse. Il juge «insupportable» une dépense communale à prévoir de 5 millions d’euros. le maire de lauterbourg, lors de la rencontre annuelle du préfet avec les élus du conseil général-67, s’inquiéta des répercussions économiques d’un excès de prévention des risques et d’ajouter : les futurs PPRT «mettent en péril le développement de la plate-forme chimique de Rohm et Haas» à Lauterbourg, ou «compromet l’extension du port aux pétroles de Strasbourg».
Face aux risques technologiques majeurs, ne sommes nous pas tous appelés au partage des responsabilités pour anticiper la protection des personnes et des biens ? Nos amis du SPPPI toulousain qui ont vécu l’accident d’AZF, qui assistent au délicat traitement post-catastrophe d’un désastre humain et sociétal depuis dix ans, ne seraient-ils pas de l’avis du préfet Pierre-Étienne Bisch qui répliqua au maire et conseiller général de Lauterbourg que «le danger, ça ne se négocie pas». Certes, l’évaluation du coût des mesures applicables d’un PPRT et des modalités de leur financement sont des étapes complexes à négocier avant la mise à l’enquête publique du dossier complet de PPRT. Ce constat peut-il autoriser l’acteur qui délivre un permis de s’établir à proximité immédiate d’un établissement classé seveso-seuil haut, qui de surcroît est membre du CLIC, comité local où se « construit » le PPRT, à mettre ses partenaires du CLIC « hors jeu » en déclarant in fine que la prévention des risques met en péril l’économie ? Comment imaginer qu’un responsable local – même en situation financière difficile pour son unité de gestion – puisse vouloir mettre au second plan la securite de ses concitoyens, riverains ou salariés d’une entreprise SEVESO…»