Pollution industrielle de l’air à Strasbourg
Dans cette tribune, nous demandons, comme le préconise le récent rapport de la Cour des comptes sur la pollution de l’air, de :-renforcer les contrôles des émissions industrielles
– mettre en place de mesures des émissions industrielles par des organismes indépendants et que ces mesures soient publiques et consultables par tous
– Mettre en place des capteurs dans les quartiers proche des zones industrielles, afin de permettre un suivi continu des concentrations dans l’air ambiant des polluants toxiques, incluant à la fois les polluants réglementés (particules fines, NO2, Benzène) mais surtout les polluants toxiques non réglementés au premier rang desquels figurent de nombreux composés organiques volatils cancérigènes ou des gaz toxiques tel que le Butadiène ou le sulfure d’hydrogène. Ce suivi des polluants pourrait être effectué par des organismes de contrôle indépendants.
Pollution industrielle de l’air à Strasbourg
En raison de son climat et sa géographie, Strasbourg figure parmi les villes les plus polluées de France, et, comme dans 10 autres villes françaises, la qualité de l’air n’y est pas conforme aux normes européennes. L’union européenne a condamné la France et lui a imposé de prendre des mesures parmi lesquelles la mise en place de zone à faibles émissions (ZFE) visant à limiter la circulation des véhicules polluants. Cette mesure difficile est indispensable, et devra s’accompagner d’aides au cas par cas, mais nous demandons que, dans le même temps, un effort soit demandé aux autres pollueurs en commençant par le secteur industriel.
Opacité sur les émissions réelles en « sortie de cheminée » des industries
En effet, si la pollution industrielle a diminué ces dernières années à Strasbourg, elle reste très présente et sous-estimée, car la réglementation permet aux industries les plus polluantes (appelées installations classées) de bénéficier du régime de l’autosurveillance, autrement dit, les industries les plus polluantes s’autocontrôlent et déclarent elles-mêmes leurs émissions de polluants[1]. Ce « passe-droit » accordé aux industriels ne permet donc pas de connaître avec certitude leurs émissions réelles. En effet, les agences agrées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) telles qu’ATMO Grand-Est, n’ont pas le droit de mesurer autour des sites industriels et ne peuvent se baser que sur les informations fournies par les exploitants eux-mêmes. Ce régime de l’autosurveillance est dénoncé une nouvelle fois dans le récent rapport de la Cour des comptes qui enfonce encore le clou et dénonce également de nombreux procédés – tels que le fonctionnement en « mode dégradé » – qui permet aux industriels de ne pas déclarer ni mesurer leurs émissions dans certaines conditions – tels que l’arrêt et le redémarrage ou lors de dysfonctionnement-, générant ainsi une pollution qui n’est pas du tout prise en compte1.
Certes, ces industries sont contrôlées notamment par la préfecture, mais les contrôles sont rares, et difficiles à mettre en place, obligeant les services de contrôle à prévenir les industriels en avance de la survenue d’un contrôle. L’insuffisance de contrôle des industries est également soulignée dans le rapport de la Cour des comptes, qui demande d’accentuer les contrôles et de renforcer le montant des sanctions1.
Une grande partie des polluants émis notamment par le secteur industriel n’est pas mesuré dans l’air ambiant à Strasbourg
Autre problème majeur : dans l’air ambiant, la réglementation n’impose le suivi que de quelques polluants comme les particules fines, mais une grande partie des émissions industrielles n’est pas du tout mesurée ni suivie. Pour preuve, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) alertait en 2016 sur la dangerosité de nombreux polluants qui ne sont toujours pas mesurés dans l’air ambiant[2]. Parmi ces polluants toxiques non réglementés, plusieurs dizaines sont susceptibles d’être présents dans l’air strasbourgeois en raison du type d’industries en présence, citons par exemple un composé organique volatile – le Butadiène – cancérogène avéré, et le sulfure d’hydrogène. Après les alertes de l’ANSES, c’est au tour de la Cour des comptes d’appeler à suivre et à mesurer les nombreux polluants toxiques non-réglementés émis par le secteur industriel et de citer en exemple le bassin de Lacq en Nouvelle-Aquitaine, où depuis 2019 un arrêté préfectoral permet le suivi des polluants industriels non réglementés tels que de nombreux composés organiques volatils1.
Or à Strasbourg, le seul composé organique volatil suivi dans l’air est le Benzène, mais qui n’est mesuré qu’une semaine par mois. Tout ce qui nous est pour l’instant proposé est la mise en place de « Nez » et d’ « applications en ligne » pour signaler les odeurs industrielles, mais cela est insuffisant et insignifiant, car ce qui importe le plus est de caractériser et mesurer ces « odeurs » industrielles qui dans de nombreux cas sont liées à des composés organiques volatils toxiques cancérogènes, comme le rappelle la Cour des comptes pour qui « ces odeurs correspondent souvent à des composés organiques volatils cancérigènes et des gaz toxiques tels que l’acide sulfurique présents dans les rejets atmosphériques et non appréhendées par les industriels ».
En 2015 plus de 120 médecins strasbourgeois signaient une tribune[3] demandant aux élus de prendre des mesures fortes contre la pollution de l’air : la limitation des véhicules polluants au sein d’une ZFE étendue à toute l’eurométropole répond en partie à cette demande, ainsi par exemple que le contrôle des poids lourds avenue du Rhin, mais nous demandons à Madame la Préfète du Bas-Rhin et à l’eurométropole, que les moyens nécessaires soient mis en œuvre pour :
-renforcer les contrôles des émissions industrielles
– mettre en place de mesures des émissions industrielles par des organismes indépendants et que ces mesures soient publiques et consultables par tous
– Mettre en place des capteurs dans les quartiers proche des zones industrielles, afin de permettre un suivi continu des concentrations dans l’air ambiant des polluants toxiques, incluant à la fois les polluants réglementés (particules fines, NO2, Benzène) mais surtout les polluants toxiques non réglementés au premier rang desquels figurent de nombreux composés organiques volatils cancérigènes ou des gaz toxiques tel que le Butadiène ou le sulfure d’hydrogène. Ce suivi des polluants pourrait être effectué par des organismes de contrôle indépendants.[4]
- Collectif Strasbourgrespire
- ADIR
- Alsace Nature
- Association des résidents rue du Tivoli et environ
- Amicale des Habitants de l’Elsau
- Associations des habitants du quartier gare
- Association Col’schick
- Association des Habitants Bourse – Austerlitz – Krutenau
- Association Zona-Ceinture verte de Strasbourg
- Association des Résidents et Amis de Neudorf (ARAN)
- Association Ecoquartier Danube Energies Nouvelles Strasbourg (EDEN)
- Consommation Logement et Cadre de Vie (CLCV Sud)
- Réseau Environnement Santé
- Association Santé Environnement France (ASEF)
One thought on “Pollution industrielle de l’air à Strasbourg”
Il n’y a pas malheureusement que la pollution industrielle . Il se trouve , à la Robertsau, nombre de cheminées de maisons individuelles encore équipées de foyers bois/charbon qui rejettent dans l’atmosphère un ensemble de gaz pestilentiels et sans doute nocifs . Nul doute que ces gaz résultent de la combustion de déchets ou de « lignite » chargés en soufre . Il est recommandé de ventiler votre habitation , difficile de le fair dans de telles conditions