[Tribune] Le port aux pétroles n’a plus sa place à la Robertsau.
« L’accident gravissime survenu dans l’usine Lubrizol de Rouen laisse un goût amer aux Robertsauviens. En effet l’ADIR (Association de Défense des Intérêts de la Robertsau) se bat depuis des années pour le déménagement des huit entreprises SEVESO à seuil haut de danger qui occupent le Port aux Pétroles.
Dès 2010, rendus très attentifs au premier zonage du Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) qui devait aboutir au déménagement de certaines entreprises, les membres du comité de l’ADIR, et en particulier Jean-Daniel Braun, décident de suivre de très près ce dossier que l’on pourrait qualifier de « brûlant » si l’on ne craignait pas de faire un mauvais jeu de mots.
Première désillusion : en 2012 un nouveau zonage réduit le secteur dangereux alors que les mesures de sécurité prises par les entreprises n’ont guère évolué durant les deux années écoulées. Victoire pour les groupes industriels et la Ville qui évitent ainsi de devoir déménager leurs installations, revers pour l’ADIR, les Robertsauviens et tous les Strasbourgeois.
Nous n’abandonnons pas et nous attaquons devant le TA (Tribunal Administratif) le second PPRT qui sous-estime de manière évidente les risques encourus par la population, et, très logiquement, le rapporteur public nous donne raison. Le rôle de ce membre du Tribunal est d’intervenir publiquement à l’audience pour analyser le litige et donner une solution, et cela en toute indépendance…
Seconde désillusion : alors que, dans la quasi-totalité des cas, les conclusions du rapporteur public sont suivies par le tribunal, paradoxalement, la juridiction va dans le sens inverse. Les lobbies pétroliers, la Ville et l’Etat peuvent pavoiser, nouvelle déconvenue.
Nous ne nous étendrons pas dans ce courrier aux lecteurs sur l’extrême dangerosité des produits stockés dans les citernes du Port aux Pétroles. Il suffit de taper sur son ordinateur la liste des « Etablissements SEVESO seuil haut (67) » pour constater que les risques d’explosion, d’incendie, de rejets toxiques sont indéniables. Nos multiples interventions étaient, de ce fait, totalement fondées.
Il est temps que nos politiques comprennent que nous ne pouvons plus, aujourd’hui, nous satisfaire de discours lénifiants destinés à endormir notre vigilance. La santé d’un quartier et de toute une ville nous paraît plus importante que la santé financière d’entreprises qui affichent glorieusement des bénéfices considérables.
Le 29 septembre dernier, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, déclarait sur LCI :
« Avoir des usines SEVESO qui sont quasiment imbriquées dans une ville, on ne ferait plus ça aujourd’hui ».
Pourtant de nombreux permis de construire sont accordés à proximité immédiate des installations dangereuses du Port aux Pétroles.
L’ADIR a rempli, pour le moins, son rôle de lanceur d’alerte. Si un sinistre survenait , nos responsables ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.
Jacques Gratecos et Jean-Daniel Braun »
4 réflexions sur « [Tribune] Le port aux pétroles n’a plus sa place à la Robertsau. »
Depuis que le Port aux pétroles est là, combien d’accidents graves? Un seul: l’explosion d’une péniche au début des années 70…
On oublie juste que ce sont les habitations qui se sont rapprochées du site et non l’inverse!
Ce n’est pas la fréquence ni l’histoire passée qui fait la dangerosité d’un site, mais ce qu’il est susceptible d’arriver, connaissant La nature et la quantité des matières qui y sont stockées.
À Bhopal, à Séveso, à Toulouse (la liste est longue), il ne s’était rien passé de très grave pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où…
Le lien vers le site de l’IGN, la première photo aérienne du port aux pétroles date de 1932, vous pourrez Constater que les rues Carpe haute, Afrique et Himmerich étaient déjà urbanisées c’étaient des exploitations maraîchères principalement. C’est bien le port qui s’est rapproché.
http://remonterletemps.ign.fr/
Sauf qu’à consulter le site du Géoportail par exemple, dans la rubrique voyager dans le temps, on peut se rendre compte que c’est le port aux pétroles qui s’est agrandi et rapproché des habitations. Les zones urbanisées n’ont pas bougé, elles se sont seulement densifiées.
Pour info, il existe différents sites avec des photographies aériennes qui permettent un voyage dans le temps très instructif.