[Tribune] Pourquoi veut-on urbaniser un terrain pollué et inondable de la Papeterie LANA avec des immeubles de grande hauteur qui, de plus, ne s’intégreront pas dans l’environnement urbain de la Robertsau ?
L’ADIR, l’ASSER, le CARSAN et l’Assoc. du PNU réagissent en accord avec les recommandations du Conseil de Quartier Robertsau-Wacken. La Robertsau, hier le quartier des maraîchers et des maisons de campagne des riches Strasbourgeois ; aujourd’hui, le quartier des nantis ? Caricature !
Ce fut aussi un quartier industriel avec des usines phares : la fabrique de bougies créée en 1853 et la Papeterie implantée en 1872 sur le terrain d’un ancien moulin du 16ème siècle et employant jusqu’à 500 personnes. Beaucoup d’ouvriers, agricoles et industriels, qui habitaient ces petites maisons si typiques de la rue du Dr François et des rues avoisinantes que l’extension du tram va impacter lourdement. Actuellement, avec ses 23 000 habitants (au moins), la Robertsau est un exemple intéressant de mixité sociale. Mais son remarquable dynamisme démographique (+ 35 % en 50 ans) a su préserver la qualité de vie du quartier. Pour combien de temps ?
Un promoteur rachète les terrains
Pourquoi un promoteur immobilier rachète-t-il les terrains industriels de la Papeterie en 2005 ?
Cette vente permet de financer un 4ème plan social depuis 1998, la municipalité strasbourgeoise d’alors faisant savoir qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter d’un projet immobilier le terrain étant classé en zone à vocation industrielle.
En 2013, la Papeterie est à nouveau en redressement judiciaire. Sous l’égide des collectivités un accord est trouvé entre le promoteur M. Rinaldi et le repreneur de la marque et des machines, le danois L.Brinck.
Ainsi 59 emplois seront sauvegardés, mais à quelles conditions ? Donc pas de quoi inquiéter la population, bien au contraire, sauf que, peu de temps après , commencent des démarches auprès des Services de l’Eurométropole pour essayer de faire valider une urbanisation prévoyant 260 logements en 6 bâtiments dont 3 tours de 50 m sur une partie du terrain situé à l’ouest du canal du Mühlwasser. En vain, semblait-il, puisque le PLUi voté en décembre 2016, après une enquête publique, avait maintenu le terrain en zone industrielle.
Revirement total en janvier 2017.
Les membres du Conseil de Quartier (CQ) sont invités à une réunion : MM Rinaldi, Brinck, Fontanel et Mmes Trautmann et Dreyer leur présentent ce projet immobilier. On y explique notamment qu’il faut savoir être reconnaissant à Mr Rinaldi !
Défavorable au projet et conforté par l’hostilité des riverains lors de la réunion publique du 13 mars, le CQ, dans une 1ère lettre adressée à l’adjointe de quartier, fait part de ses grandes réserves à ces constructions prévues, si mal intégrées à l’environnement voisin. Le CQ, invité à une nouvelle réunion, avec le maître d’œuvre (EDIFIPIERRE), apprend alors que le Maire n’a pas validé le projet et qu’après réflexion la municipalité demande de réduire la hauteur des immeubles à R+9 (28m) et le nombre de logements à 160. Ces immeubles ne s’intégrant pas davantage, le CQ maintient ses réserves et les exprime dans une seconde lettre adressée à l’adjointe de quartier le 2 juin.
» Le Conseil de Quartier recommande d’utiliser ces terrains pour une extension du Parc Naturel Urbain entre le Mühlwasser et la villa Schmidt.
Si cependant la ville donnait quand même son accord pour une urbanisation, il n’y a aucune raison qu’elle soit plus dense que celle qui vient d’être réalisée harmonieusement rue de la Baronne Oberkirch ou celle prévue rte de la Wantzenau près du Fuchs am Buckel. C’est pourquoi celles-ci devraient servir d’exemples à suivre, surtout dans ce secteur où l’on doit veiller au lien social. »
Comme seule réponse, le CQ est informé qu’une enquête publique a commencé le 26 juin (jusqu’au 28 juillet) sur des modifications du PLUI. En fait 4 modifications du PLUi concernent la Robertsau, dont la transformation du terrain LANA, côté Ouest, en zone constructible avec possibilité de construire jusqu’à une hauteur de 28 m.
La note de présentation confirme la lourde pollution du sol niée lors des réunions au point qu’il y aura interdiction de cultures en pleine terre. Ni caves, ni garages en sous-sol, vu les risques d’inondations. Par contre aucune information sur le fait que cette hauteur de 28 m est au moins le double de celle de bâtiments existant dans un rayon de 400 m, autour, que ces nouveaux bâtiments seront enclavés, que ce type d’urbanisation en hauteur est contraire à tout ce qui est entrepris ailleurs à la Robertsau et que cette parcelle est située près d’un carrefour très encombré (30 000 v/j). Pourquoi cette hâte à répondre à la demande d’un promoteur ayant spéculé ? Y-aurait-il déjà d’autres étapes dans les cartons ? Est-ce pour susciter une nouvelle centralité au détriment du centre historique des alentours du Foyer St Louis ?
C‘est pourquoi les associations représentatives de la Robertsau et le CoQ se sont unis pour lancer un appel solennel à la municipalité : il faut revenir à une vraie démocratie participative avec la volonté de respecter les habitants et de valoriser la qualité de vie garante du lien social. Il faut surseoir et discuter au lieu de passer en force. Par dogmatisme ? Par reconnaissance ? En tout cas au détriment de l’intérêt général !
Vous refusez de voir le quartier défiguré ? Participez à l’enquête publique et manifestez, à votre tour, votre opposition ! Peut-être les réactions lors de l’enquête publique en cours feront-elles que dogmatisme et intérêt particulier d’un promoteur seront balayés. Mais, quoi qu’il arrive, les Robertsauviens resteront déterminés à défendre des solutions raisonnables.
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